DSM

Hommage à Hélie de Saint-Marc

Une référence morale et historique
L’Honneur

 

né à Bordeaux 1922
décédé 2013

 

Résistant, déporté, officier de la Légion étrangère, Hélie de Saint Marc est un témoin des déchirures de l’Histoire récente de notre pays, de l’Occupation à la guerre d’Algérie, en passant par la grande passion indochinoise… Homme d’honneur, de conviction, de cœur, il nous apporte une dimension rare de l’homme dans l’épreuve, le challenge, les difficultés de tous ordres sans perdre une seconde son âme.

(1922-2013) Né en 1922 à Bordeaux, il entre dans la Résistance à dix-neuf ans au sein du réseau Jade Amicol. Arrêté en juillet 1943, il est envoyé à Buchenwald. Sur son convoi de mille déportés, il ne reste que trente survivants. Il rejoint la Légion et effectue trois séjours en Indochine (1948-54). A la frontière de la Chine, le commandement l’oblige à abandonner le poste de Talung, qu’il administrait depuis dix-huit mois. Les villageois sont massacrés dans la foulée par le Vietminh.
En Algérie, il devient l’un des responsables des opérations militaires du « Plan Challe ». Il accepte d’engager le 1er REP en avril 1961 dans le putsch d’Alger. Après l’échec du putsch, il se met à la disposition de la Justice avec tout le régiment (c’est la scène célèbre du « non je ne regrette rien » chanté par les légionnaires).

Hélie de Saint Marc est condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il est libéré à Noël 66, après cinq ans et neuf mois de détention. C’est l’une des figures françaises les plus emblématiques des combats de ces 80 dernières années qui part. La France et son armée perdent un grand homme, un homme qui aura su en toutes circonstances rester debout. Homme de devoir et de conscience, il a su cultiver et faire grandir en lui cette liberté intérieure qui l’a rendu fort et constant malgré les vicissitudes que la vie et certains de ses contemporains lui ont réservées. Il est toujours allé au bout de ses convictions, sans
jamais rien lâcher, mais avec cet amour pour l’humanité que son regard droit, sensible et profond savait tant exprimer. Dans ces temps de relativisme exacerbé, son intégrité et sa solidité résonnent tout spécialement : ils sont un exemple pour nous tous, et plus spécialement pour toute la jeunesse de France. Rappelons-nous sa vibrante lettre à un jeune de 20 ans !

« QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS ? »

Quand on a connu tout et le contraire de tout, quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie, on est tenté de ne rien lui dire, sachant qu’à chaque génération suffit sa peine, sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause font partie de la noblesse de l’existence. Pourtant, je ne veux pas me dérober, et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci, en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain : « Il ne faut pas s’installer dans sa vérité et vouloir l’asséner comme une certitude, mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère ». A mon jeune interlocuteur, je dirai donc que nous vivons une période difficile où les bases de ce qu’on appelait la Morale et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique, sont remises constamment en cause, en particulier dans les domaines du don de la vie, de la manipulation de la vie, de l’interruption de la vie. Dans ces domaines, de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir. Oui, nous vivons une période difficile où l’individualisme systématique, le profit à n’importe quel prix, le matérialisme, l’emportent sur les forces de l’esprit. Oui, nous vivons une période difficile où il est toujours question de droit et jamais de devoir et où la responsabilité qui est l’once de tout destin, tend à être occultée. Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela, il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine. Il faut savoir, jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure, rouler son propre rocher.

La vie est un combat, le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. Il faut savoir que rien n’est sûr, que rien n’est facile, que rien n’est donné, que rien n’est gratuit. Tout se conquiert, tout se mérite. Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. Je dirai à mon jeune interlocuteur que pour ma très modeste part, je crois que la vie est un don de Dieu et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît comme l’absurdité du monde, une signification à notre existence. Je lui dirai qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves, cette générosité, cette noblesse, cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde, qu’il faut savoir découvrir ces étoiles, qui nous guident où nous sommes plongés au plus profond de la nuit et le tremblement sacré des choses invisibles. Je lui dirai que tout homme est une exception, qu’il a sa propre dignité et qu’il faut savoir respecter cette dignité. Je lui dirai qu’envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir.

Enfin, je lui dirai que de toutes les vertus, la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres, de toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse. Et pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela « L’Honneur de Vivre »

Hélie de Saint Marc

Décorations : Grand-croix de la Légion d’honneur, Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation, Croix de guerre des TOE avec 8 citations, Croix de la valeur militaire avec 4 citations, Médaille de la résistance, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Croix du combattant, Médaille coloniale avec agrafe « Extrême-Orient », Médaille commémorative de la guerre 1939-1945, Médaille de la déportation et de l’internement pour faits de Résistance, Médaille commémorative de la campagne d’Indochine, Médaille commémorative des opérations du Moyen-Orient (1956), Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord (1958) avec agrafes « Algérie » et « Tunisie », Insigne des blessés militaires, Officier dans l’ordre du mérite civil Taï Sip Hoc Chau.

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