Hommage à Loïc Leferme

Quintuple recordman du monde d’apnée

 

Quintuple recordman du monde d’apnée, le Français a été victime d’un accident lors d’une plongée d’entraînement. Loïc Leferme est mort le 11 avril 2007 alors qu’il remontait d’une descente d’entraînement à – 170 mètres, dans la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Selon ses proches, cet accident est dû «à une défaillance du système de contrepoids» qui le faisait remonter. Loïc a été tiré de l’eau inanimé par son équipe, transféré au port de Nice où pompiers et Samu ont tenté, pendant quarante-cinq minutes, de le réanimer. En vain. Il avait 36 ans et était père de deux enfants. La veille, «il était sorti avec le sourire» d’une précédente plongée, expliquait hier soir son prof d’apnée, Claude Chapuis. Puis il y a eu « ce problème technique, une corde bloquée ». Et plus rien.

Il y a différentes sortes d’apnée (plongée sans bouteille) :

  • l’apnée statique : rester sous l’eau sans respirer et sans bouger le plus longtemps possible.
  • l’apnée dynamique : faire le plus de longueurs possibles sous l’eau sans respirer, avec ou sans palmes.
  • l’apnée en profondeur : descendre le plus profondément possible dans la mer, sans respirer, comme dans le film « le Grand Bleu » de Luc Besson.

C’est à ce dernier exercice que se prêtait Loïc Leferme, apnéiste record man du monde d’apnée « no limit » (sans limite dans les profondeurs, le plus loin possible) avec 171 mètres, Loïc essayait de battre son propre record en descendant encore plus bas sans respirer.

Originaire de Dunkerque, dans le Nord de la France , issu d’une famille de nageurs; Loïc est arrivé à Nice à 12 ans. En 1991, il rentre à la faculté des Sports de Nice, et s’occupe du CIPA à Nice, une école de plongée. Il s’entraîne 2 fois par semaine et il plonge à chaque fois en condition réelle, c’est à dire exactement comme s’il le faisait « pour de vrai », et pas seulement en exercice. Une plongée aller-retour dure environ 3 minutes et demie, et il a fait une des plus belles plongées de sa vie, puisqu’il est descendu jusqu’à 175m, ce qui est plutôt très positif pour la tentative de record.

Le «no limits», considéré comme la discipline reine de l’apnée, est une plongée dite au poids variable où l’apnéiste descend le plus profond possible avec une gueuse et remonte avec un ballon, la difficulté principale consistant à affronter l’extrême pression des profondeurs. Lors du record, la pression, a moins 171 mètres, était de 18kg/cm2.

Loïc est descendu pendant 2 minutes avant d’atteindre un socle calé à -171 mètres. Au-delà de 100 mètres de profondeur, chacun de ses poumons avaient le volume d’une orange. Une fois remonté, Loïc Leferme doit prouver aux juges, pendant une minute, qu’il n’est pas en état de syncope. Il a fait couler le champagne en surface, une fois que les juges avaient validé son record.

D’après son médecin, qui reste étonné, à chaque plongée, son cœur passait systématiquement à 20 pulsations par minutes, presque par réflexe. Les fonctions vitales de Loïc ont souffert dans ses débuts d’apnéiste. Mais au fur et à mesure de ses entraînements, son corps s’est adapté et ne montre plus d’effet de la souffrance. Ses fonctions vitales sont intactes, malgré les fortes pressions qu’elles subissent.

La difficulté, est d’adapter le corps en accéléré à cet univers compressé. Veiller aux tympans, aux poumons, et surtout garder le contrôle de soi, savoir quand renoncer, quand insister. Yogi et décideur à la fois. «Il faut être souple physiquement et mentalement. Pas se comporter en bloc de béton, sinon tu casses. Il faut composer avec le milieu. Comme un anthropologue.»

L’hiver, ce fils d’un entraîneur de natation fait des longueurs dans son élément de prédilection. Et, à mesure que vient l’été, il s’applique à perdre la tonicité gagnée. «Je fonds. Si tu es trop musclé, tu ne passes pas.»

Il n’a jamais appris à nager, il a toujours su. Il avait deux mois, quand sa mère le lâchait dans le grand bain. A deux-trois ans, il plongeait à deux-trois mètres pour récupérer ses petites voitures. Mais l’enfant-poisson a toujours refusé l’héritage familial. Il ne serait ni Mark Spitz, ni Ian Thorpe. Suspicion envers la compétition, inclination pour les sports collectifs. Etroitesse des bassins chauffés et des lignes d’eau, besoin de nature, d’étrangeté.

Depuis quelques temps, il essayait de vivre de l’apnée, en professionnel, en sportif, en ne pensant qu’à ça. Il animait des séminaires de motivation dans les entreprises, planchait sur les images sous-marines qui permettront de populariser son activité.

Il était fier d’aller poser sa palme où, jamais, le pied de l’homme… Il se sentait de la famille des découvreurs, des explorateurs. Il était fasciné par la conquête de l’espace : « Ils s’entraînent pour aller tout en haut. Moi, pour aller tout en bas.» Il voyait une parenté entre les deux mondes, la même nécessité de « travail collectif qui permet d’en envoyer un seul sur orbite ». Et il ne cessait de vanter les mérites de ceux qui l’entourainet, de ceux qui assuraient sa sécurité là où l’eau fraîchit (12 degrés à -150 mètres), où la narcose guette, où rôde parfois un requin blanc, «où ça devient hostile».

Leferme prend ses distances avec la génération Grand Bleu. Il a vu le film à sa sortie : « Ça a été important, pas déterminant.» Il ajoute : «Je n’ai pas tout lâché pour aller bosser au Marineland d’Antibes, comme un copain.» Il insiste : «Les enfants du Grand Bleu n’avaient pas les yeux en face des trous. Ça a créé des pratiques limites.» Lui veut prouver que l’apnée, c’est pour tout le monde, «pas pour une élite qui aurait avalé des branchies».

A haut niveau, le risque est une donnée incompressible. Et il ne cesse de vanter la dimension communautaire de son défi. Histoire de se trouver des raisons de remonter.

Mots clé : Apnée (Champ du Monde) – Explorateur – Motivation – Performance – Sportif – Tean Building.

« Ne pas se comporter en bloc de béton, sinon tu casses »

 

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